sábado, 1 de diciembre de 2012

L'INDUSTRIE DU TABAC CONDAMNÉE AUX ÉTATS UNIS



Un juge fédéral américain vient de condamner les producteurs de tabac à corriger leurs mensonges. Gladys Kessler, juge à Washington, s’est attaquée à l’organisation méthodique de la désinformation portée par les producteurs de tabac. Elle a imposé que figure sur les publicités concernant le tabac le correctif suivant : "Nous avons délibérément trompé le public américain au sujet des dangers du tabac sur la santé."

Commerce de l'addiction vs santé publique

Sans céder à une quelconque théorie du complot, il apparaît de plus en plus nettement que l’industrie du tabac s’est employée, avec une certaine réussite, à minimiser les effets nocifs de la substance qu’ils commercialisent. Elle a retenu pendant longtemps les données de toxicité. Elle détourne, avec différentes sortes de partenariat, l’interdiction pour la publicité. Un commerce de l’addiction très au point affronte la logique de la santé publique.

Dans une époque où l’addiction s’aborde plutôt à propos de l’héroïne, des salles de consommation contrôlée et du cannabis, ce rappel sur le tabac est important. La dépendance au tabac reste une des composantes majeures de l’addictologie contemporaine. Chez les dépendants auxquels je propose un sevrage multiple, les envies de cigarettes, les rechutes et les accès de nostalgie vis-à-vis du tabac peuvent durer plusieurs mois ou plusieurs années. Ces envies et ces risques de rechutes justifient une aide prolongée, une thérapie ou une aide au maintien de la motivation.

Enfin, ce coup de projecteur de la justice américaine sur la promotion cachée d’un syndrome de dépendance conforte l’approche globale des addictions que souhaitent les professionnels du champ. La vigilance, la prévention et le traitement doivent en effet concerner toutes les substances, sans en exclure aucune et en particulier ni le tabac ni l’alcool. Il est également important de repérer les addictions émergentes aux jeux d’argent et au virtuel.

Ce jugement américain nous rappelle aussi que le combat de la santé publique n’est jamais facile. Il s’oppose à des groupes de pression qui tendent à véhiculer soit des arguments commerciaux, soit des idées trop simples dans le champ des addictions. Les lois de santé publique et plus globalement la vigilance en santé publique doivent être étendues au niveau national. Espérons que cette décision courageuse d’une juge américaine donne des idées outre-Atlantique !

Source:http://leplus.nouvelobs.com/contribution/724311-l-industrie-du-tabac-condamnee-aux-etats-unis-une-decision-courageuse.html

LES SECRETS DES FABRICANTS POUR NOUS RENDRE DÉPENDANTS


LE PLUS. "La cigarette est l'invention la plus meurtrière de l'histoire de l'humanité", écrit Robert Proctor, professeur à l'université de Standford et auteur de "Golden Holocaust", un livre qui a épluché les documents de l'industrie du tabac passés dans le domaine public. Une bonne lecture et une occasion pour arrêter de fumer, estime Michel Lejoyeux, addictologue.




L’une des manières de changer sa relation à une dépendance est de trouver à cette addiction une nouvelle signification. À y regarder de près, en effet, la dépendance au tabac ne relève pas de l’exercice de la liberté, mais plutôt de la soumission à une logique économique qui associe mensonges, profits cachés et manipulation


Il y a en effet autour du tabac une sorte de conspiration pour que ses dangers n’apparaissent pas aussi clairement qu’ils le devraient et pour que son potentiel addictif soit masqué. Les fabricants de tabac ont longtemps associé au fait de fumer des images sportives, des grands espaces, les cow-boys se promenant librement dans les montagnes rocheuses.

Plans de com' des cigarettiers

Le propos banalisant les dangers du tabac est en train de s’effriter à la faveur de la parution le 28 février aux États-Unis d’un ouvrage de l’historien Robert Proctor, sur les mensonges et les manipulations des fabricants de cigarettes. Le livre, au titre un peu racoleur, "Golden Holocaust", n’en est pas moins précis et informatif.

Robert Proctor s’est plongé dans des documents fédéraux révélant les plans de "communication" des producteurs de tabac. Pour marquer ses lecteurs et son public, Robert Proctor parle d’abord d’impact en termes de santé publique. Chaque année, il se produit suffisamment de cigarettes pour remplir 24 pyramides de Kheops. Leur combustion fait tomber dans les poumons des fumeurs 60.000 tonnes de goudron.

Pour masquer les effets toxiques du tabac, les producteurs de cigarettes ont tout d’abord utilisé une propagande par le doute. Ils ont, entre 1953 et 1964, créé de toute pièce une controverse sur le fait de savoir si le tabac était ou non cancérigène. Ils se sont appuyés sur des conseillers en relations publiques. Il a fallu donc attendre dix ans après la découverte de données sur le rôle cancérigène du tabac pour qu’un message de santé publique apparaisse et que la consommation commence à diminuer modérément.

Du polonium radioactif dans la cigarette

Robert Proctor pointe un autre secret sur la cigarette. Elle contiendrait du polonium 210, une molécule radioactive. Ce polonium contribue aux effets cancérigènes du tabac. Là encore, Robert Proctor propose des métaphores qui frappent l’imagination. Il reste à prouver qu’elles soient complètement justes au niveau scientifique. En tout cas, selon lui, fumer 30 cigarettes par jour expose à l’équivalent de doses de 300 radios de poumons par an. Bien évidemment, les producteurs de tabac ont tout fait pour masquer ce poison.

Un dernier point concerne le caractère addictif ou addictogène du tabac. C’est de manière délibérée que les cigarettes sont de plus en plus faciles à fumer et contiennent des produits qui induisent une obligation de recommencer à fumer.

Il me semble que ces informations peuvent aider les dépendants à changer en partie de regard sur leur conduite et à prendre des décisions saines d’interruption de leur consommation qui ne relèvent ni de l’hygiénisme ni de l’ascétisme, mais plutôt de l’exercice de leur liberté. Une fois la décision prise, ils trouveront auprès d’un médecin ou dans des livres – oserais-je conseiller le mien,"Changer en mieux" ?  – des techniques pour aller plus loin.

Il y a chez tout fumeur une part de déni. Il ne me paraît pas inutile de savoir que ce déni, qui a une part psychologique, est aussi entretenu pour des raisons économiques.

Source:http://leplus.nouvelobs.com/contribution/345020-les-secrets-des-fabricants-de-tabac-pour-nous-rendre-dependants.html

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